Je me trouve littéralement au pied d'une construction titanesque, l’œil dans le viseur de mon appareil photo, l'objectif clairement pointé vers cette colossale structure visible à des kilomètres à la ronde quand une femme d'un âge avancé me demande :
« Vous êtes en train de photographier les oiseaux ?
- Pardon ? Les oiseaux ? Quels oiseaux ?
- Vous savez les perruches vertes avec leur bec rouge que l'on voit partout ?
- Non pas du tout, c'est cette immense tour que je prends en photo. »
- Pardon ? Les oiseaux ? Quels oiseaux ?
- Vous savez les perruches vertes avec leur bec rouge que l'on voit partout ?
- Non pas du tout, c'est cette immense tour que je prends en photo. »
Elle lève la tête vers la tour hertzienne, ouvrage de 143 mètres de hauteur, demeure perplexe quelques instants, croise mon regard l’air encore plus perplexe et reprend son chemin. C’est comme si elle n’avait rien vu, comme si la tour n’existait pas.
En l'observant s'éloigner, j'ai su que j'avais un sujet d'intérêt. Tellement habitués à cohabiter avec cette verrue architecturale, les riverains n’y portent plus attention. L’ouvrage monumental est devenu invisible.
La technique photographique de la surimpression me semble idéale pour retranscrire cette impression. Cette technique créative apporte une forme de flou, estompe les contours, brouille les perceptions visuelles et transforme la réalité.