La ville du futur existe déjà. On l’appelle Metropolis. Pensée pour être rationnelle, durable, au service des Hommes, elle s’est construite en béton brut et en verre, dans une esthétique froide et fonctionnelle. Pas de fioritures, juste des lignes nettes, des volumes imposants, censés incarner le progrès. Mais très vite, les illusions se sont dissipées et le béton s’est fissuré. Figée dans une vision rigide et utilitariste, cette ville n’a pas su évoluer avec les besoins de ses habitants. Metropolis est restée bloquée dans un avenir imaginé, et demeure une vision d’architecte désormais désuète.
 
Les imaginaires sombres se sont naturellement emparés de ces ébauches de ville surannées propices au développement de récits dystopiques et/ou de science-fiction (tels 1984, Brazil ou Orange Mécanique). Les œuvres culturelles dystopiques projetant leurs actions dans ce type de décor sont légion car le pouvoir évocateur de ces édifices, par leur géométrie stricte et leur massivité, est désormais davantage lié aux sociétés dictatoriales, oppressantes et autoritaires, qu'aux sociétés libres, vertueuses et justes. Les représentations que l’on se fait aujourd’hui de cette ville sont complètement dévoyées et paradoxalement en totale opposition avec son dessein initial. La période de rupture actuelle, entre guerre, pandémie et cataclysme, que nous sommes en train de traverser est elle aussi propice à l’émergence de nombreux récits dystopiques. De la sorte et de façon très ironique, les œuvres de fiction dystopiques, particulièrement cinématographiques, contribuent à la réhabilitation de ces architectures mal-aimées en leur donnant une visibilité nouvelle, offrant au grand public un regard original sur ces bâtiments en leur révélant un certain potentiel esthétique.
 
Mon projet photographique s’inscrit dans cette démarche.
 
“Bienvenue à Metropolis, cité crépusculaire”
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